2005. Dix ans après les accords de Dayton, qui mirent fin à la guerre en Bosnie, l’économie du pays reste au point mort : 85 % de chômage, un salaire moyen de 100 euros, des soins médicaux qui ne sont plus pris en charge, des chantiers à l’arrêt, des bâtiments encore en ruine après les combats, et 30 000 mines toujours actives, sans aucun plan de déminage. À cela s’ajoute un terrible manque d’eau dans de nombreuses régions.

À 140 kilomètres au nord-ouest de Sarajevo, légèrement en surplomb de Jajce, se trouve le village de Kupresani, construit le long d’une route cabossée. Sur la gauche, un vaste terrain vague abrite une communauté de Gitans sédentarisés, offrant une vision hors du temps. Des tas de métaux de récupération s’amoncellent devant des maisons de fortune, à côté de chevaux faméliques, de charrettes en bois et d’enfants au regard espiègle. De ce côté de la route, personne n’a accès à l’eau, la situation n’est guère meilleure dans les maisons d’en face.

Ma femme est originaire de ce village et c’est en plein hiver que je découvre ces gens touchants, généreux et drôles, adeptes d’un humour noir extraordinaire. Ils me plaisent immédiatement.

© Cédric Vincensini

© Cédric Vincensini - Crédits et informations légales