J’aurais voulu, donc je suis

J’aurais voulu être pompier, vétérinaire, cosmonaute… Tout commence par là lorsque l’on a cinq ou six ans. La vie ensuite suit son chemin, souvent sinueux. Les rêves, eux, évoluent, changent, parfois se perdent. Plus on s’en éloigne, plus on se perd soi-même, car nos rêves, j’en suis persuadé, cristallisent le talent, le génie, la force vitale qui nous habitent. Ce sont eux qui finalement définissent le mieux ce que nous sommes

Les marginaux, SDF, mal-logés et tous les autres compagnons de la cloche, présentés par les images et les textes de l’exposition, ont commencé par me livrer leurs rêves. Pour matérialiser ces personnages qu’ils auraient profondément voulu être, nous avons réalisé les photographies, mises en scène de manière réaliste dans des cadres vraisemblables. Les textes, composés à l’aide des fragments de nos conversations, viennent compléter les images pour que ces personnages «rêvés» prennent entièrement corps.

Au travers du prisme particulier qu’est le rêve, se révèle une part intime d’eux-mêmes ; un aperçu, sensible et infiniment plus sincère de leur personnalité, tel que ne sauraient l’autoriser leur situation réelle et l’échec qui la stigmatise. Le choix de ce prisme marque une volonté artistique d’étoffer la rencontre du portrait photographique en y ajoutant l’onirisme du modèle et dépasser ainsi le regard réducteur et simpliste qu’une société, de plus en plus compétitive, pose sur les personnes en échec social.

© Cédric Vincensini

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